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Dr Thierry Azoulay 

Spécialiste en Ophtalmologie 

LA CATARACTE

 
 
 
  

Le cristallin est une lentille oculaire qui permet de voir nettement un objet situé à des distances variables selon un mécanisme qu’on appelle l’accommodation. Lors de cataracte, le cristallin perd sa transparence et s’opacifie ce qui confère à l’œil un aspect bleuté. Ce phénomène s’accompagne d’une baisse de l’acuité visuelle qui peut évoluer vers la cécité s’il n’est pas pris en charge. Contrairement aux idées reçues, la cataracte ne survient pas uniquement chez le chien âgé. Elle peut également atteindre des chiens plus jeunes lors de cataractes congénitales (présentes à la naissance) ou lors de cataractes héréditaires (apparaissant chez le chien jeune ou adulte). Enfin la cataracte peut apparaître lors de diabète ou de traumatismes oculaires. Une fois installée, la cataracte est irréversible et il est illusoire de vouloir uniquement la traiter médicalement. Le seul traitement efficace est chirurgical.  Celui-ci présente un taux élevé de succès lorsqu’il est réalisé précocement, par un vétérinaire expérimenté. Un bilan préopératoire strict est indispensable et permet d’exclure les sujets présentant des contre-indications à l’intervention ou d’identifier les patients à risque. L’intervention permet de restaurer la transparence oculaire en remplaçant le cristallin par un implant dont la puissance est adaptée à la vue du chien.

 


LA CATARACTE

 

Sommaire : 

 

·            Comment reconnaître une cataracte chez le chien ?

·            Quand faut-il traiter une cataracte ?

·            En quoi consiste le traitement de la cataracte ?

·            Cataracte : quels espoirs chez le chien âgé ?

·            Quels risques ?

·            Quelles perspectives ?

·            Que se passe-t-il si l’on n’opère pas une cataracte ?

·            La chirurgie de la cataracte est elle prise en charge par mon assurance ?

·            Quel est le prix d’une chirurgie de la cataracte ?

·            Quels sont les procédures qui peuvent parfois être associées à la chirurgie de la cataracte et pourquoi sont-elles nécessaires ?

·            Quelles sont les complications de la chirurgie de la cataracte ?

·            Que comprend un bilan préopératoire de la chirurgie de la cataracte ?

·            La nuit et le jour ? Résultats de l’opération.

·            Pourquoi tous les chiens ne peuvent-ils pas être opérés de la cataracte ?

·            Cataracte chez le chat ?

·            Cataracte chez le lapin ?

 
 
 
 

COMMENT RECONNAÎTRE UNE CATARACTE CHEZ LE CHIEN ?  

 

La cataracte se manifeste par une opacification de la pupille qui apparaît blanche ou bleutée. Cette opacification s’accroit de plus en plus avec le temps et peut s’accompagner d’autres manifestations oculaires correspondant à des complications de la cataracte : la partie blanche de l’œil peut rougir lors d’uvéite ou d’augmentation de la pression oculaire à l’origine d’un glaucome. Le cristallin peut également se déplacer dans le globe oculaire si une luxation du cristallin se produit. Sur le plan fonctionnel, la cataracte s’accompagne d’une baisse progressive de la vision pour aboutir à la cécité. Lors de diabète, la cataracte peut évoluer très rapidement. 

 

QUAND FAUT-IL TRAITER UNE CATARACTE ?

Bien que la cataracte soit une affection d’évolution lente, il est recommandé de la prendre en charge rapidement contrairement à ce que l’on entend parfois : attendrait-on d’avoir le cristallin complètement opaque et d’être aveugle pour aller consulter un ophtalmologiste et faire traiter sa cataracte ? Si la réponse parait évidente pour l’homme, elle n’est malheureusement pas encore automatique lorsqu’il s’agit de nos animaux. Pourtant, plus la cataracte évolue, plus le risque que celle-ci se complique augmente. S’il est classique qu’une uvéite apparaisse précocement lors de cataracte, d’autres complications plus graves telles que glaucome, luxation du cristallin ou décollement de rétine surviennent plus tardivement et constituent une menace sérieuse pour la vision.

EN QUOI CONSISTE LE TRAITEMENT DE LA CATARACTE ?

  

 

Le traitement de la cataracte est chirurgical car tout traitement médical est illusoire. Il consiste à remplacer le contenu de l’enveloppe hébergeant le cristallin par un implant qui possède les mêmes propriétés optiques. Il s’agit d’une chirurgie délicate réalisée sous contrôle microscopique qui doit être pratiquée par des vétérinaires ophtalmologistes expérimentés. La technique chirurgicale est identique à celle utilisée chez l’homme et permet de pratiquer une intervention dite mini-invasive c’est-à-dire qu’elle ne requiert qu’une incision minuscule de l’ordre de 3 mm. Pour des raisons évidentes, l’opération ne peut être pratiquée que sous anesthésie générale. De nombreux témoignages au travers desquels les propriétaires d'animaux font part de leur expérience de l'intervention sont disponibles.

CATARACTE : QUELS ESPOIRS CHEZ LE CHIEN  ÂGÉ ?


La question la plus fréquemment posée lors de cataracte chez un chien âgé est de savoir si cela vaut encore la peine d’opérer, sous-entendu : Quels risques ? Quelles perspectives ?

 

 Quels risques ?

 

Chez l’homme même si l’essentiel des patients opérés appartiennent à une population âgée, la question ne se pose pas car l’intervention est pratiquée dans la grande majorité des cas sous anesthésie locale. Chez le chien, le fait de procéder à une anesthésie générale peut effrayer. La décision d’opérer concerne donc avant tout la sécurité de l’anesthésie. Dans ce contexte, l’équipe vétérinaire (vétérinaire traitant et vétérinaire spécialiste) évalue le risque anesthésique. Ceci peut parfois aboutir à exclure certains sujets pour lesquels le risque est jugé trop important. Pour les autres, cela permet de préparer au mieux le candidat à la chirurgie et d’adapter son anesthésie en employant un protocole approprié. Certains agents anesthésiques comme le sevoflurane sont à présent disponible et peuvent être avantageusement utilisés chez les sujets à risque.

 

Quelles perspectives ?

 

Régulièrement les propriétaires d’animaux opérés de la cataracte nous expliquent que la récupération de la vue après une intervention se manifeste par une nette reprise de la mobilité et une récupération d’autonomie : « c’est la nuit et le jour » ou « c’est une nouvelle vie » nous disent-ils fréquemment au travers de témoignages

que se passe-t-il si l'on n'opère pas une CATARACTE ?


Curieusement, cette question fréquemment posée en médecine vétérinaire ne se pose jamais ou que très rarement chez l‘homme tant sa réponse semble évidente dans ce cas.  Si l’on ne traite pas une cataracte évolutive, votre chien va progressivement devenir aveugle. Parallèlement à l’évolution de la cataracte, une inflammation oculaire appelée uvéite phacoantigénique se développe et produit elle-même des lésions oculaires qui diminuent progressivement le pourcentage de réussite de l’intervention. C’est pour cette raison essentielle qu’il est recommandé de ne pas attendre que la cataracte soit très avancée pour l’opérer. En outre, une cataracte peut provoquer l’apparition d’un glaucome, d’une luxation du cristallin ou d’un décollement de rétine qui s’ils ne sont pas pris en charge très rapidement provoquent une cécité qui cette fois-ci est irréversible.

LA CHIRURGIE DE LA CATARACTE EST-ELLE PRISE EN CHARGE PAR MON ASSURANCE ?

 

La plupart des compagnies d’assurance médicale pour les animaux de compagnie prennent à présent en charge les frais de la chirurgie de la cataracte. Cependant comme pour toute assurance il faut :

-         que le sujet soit indemne au moment de la souscription, 

-         tenir compte de la franchise et du plafond annuel que prévoit le contrat. 

-     que le contrat ne soit pas restreint aux accidents (sauf rares exceptions, la cataracte est considérée comme une maladie) et qu’il prévoie les traitements  chirurgicaux. 

Pour vérifier que la prise en charge soit effective, il est recommandé de consulter son assurance avant la programmation de l’intervention.

  

Quel est le prix d’une chirurgie de la cataracte ?

 

Le cout moyen d’une phacoémulsification avec implantation d’un cristallin artificiel en 2020 est de l’ordre de 1250 euros TTC pour un œil et de 2400 euros TTC pour deux yeux. Il peut varier en fonction du protocole anesthésique choisie ainsi que des procédures complémentaires telles que vitrectomie, cyclo-affaiblissement ou rétinopexie qui peuvent être réalisées de façon combinée avec la phacoémulsification. Au coût de la chirurgie se rajoute celui du bilan préopératoire indispensable qui comprend à minima une échographie oculaire et une électro-rétinographie. Son cout est de l’ordre de 400 euros TTC en moyenne.  

QUELLES SONT LES PROCÉDURES QUI PEUVENT ÊTRE ASSOCIÉES À LA CHIRURGIE DE LA CATARACTE ET POURQUOI SONT-ELLES NÉCESSAIRES ?

 

Le cyclo-affaiblissement : Certains sujets sont prédisposés au glaucome qui se manifeste chez le chien et le chat par une élévation de la pression intraoculaire. Il est possible dans ce cas de diminuer ce risque en procédant à une cyclo-photocoagulation des corps ciliaires. Pour cela, on traite les corps ciliaires au laser afin de diminuer la production d’humeur aqueuse et ainsi diminuer la pression intraoculaire.

 

Implantation d’un anneau de tension capsulaire : Lorsqu’une instabilité du cristallin est identifiée (rupture partielle du système de suspension du cristallin), il existe un risque de luxation.  Ce risque peut être décelé lors du bilan préopératoire ou durant l’intervention. Dans ce cas et uniquement si l’instabilité reste modérée, il est possible d’implanter un anneau de tension capsulaire permettant de stabiliser le cristallin. 

La vitrectomie antérieure : Utilisée lorsque du vitré (gel présent dans le segment postérieur de l’œil) s’infiltre dans la chambre antérieure, le plus souvent à la faveur d’une lésion de la capsule qui enveloppe le cristallin. La présence de ce gel mélangé à l’humeur aqueuse constitue un risque de glaucome et donc de complication de la chirurgie de la cataracte. Il est préférable de le retirer immédiatement à l’aide d’un appareil approprié (vitréotome).

La rétinopexie : Certaines races comme le Shi-Tzu ou le Boston Terrier mais aussi d’autres sujets anatomiquement prédisposés présentent un risque accru de décollement de rétine. Lorsque ce risque est identifié, il est préférable de procéder à une pexie (fixation) de la rétine avec un laser, on parle de rétinopexie par photocoagulation. Celle-ci peut également s’avérer nécessaire lorsque le vitré est modifié (dégénérescence vitréenne) ou lors ce qu’il passe en trop grande quantité dans le segment antérieur.

 

Ces différentes procédures complémentaires à la chirurgie de la cataracte ont pour objectif d’améliorer son taux de réussite. Elles sont généralement proposées avant l’intervention, à la suite du bilan préopératoire qui a permis d’identifier les risques inhérents au patient (prédisposition raciale, dégénérescence vitréenne, risque glaucomateux, rupture capsulaire, instabilité du cristallin…. ). Cependant, certains risques peuvent être découverts au cours de la chirurgie et nécessiter d’adapter le plan opératoire.

QUELLES SONT LES COMPLICATIONS DE LA CHIRURGIE DE LA CATARACTE ?



La chirurgie de la cataracte présente un taux de réussite élevé, de l’ordre de 90 à 95% selon les études récentes. Un bilan préopératoire exhaustif ainsi qu’une préparation médicale appropriée permettent de limiter les complications.

 

L’uvéite phacoantigénique : Il s’agit d’une inflammation due à la présence de la cataracte, donc déjà présente avant l’intervention. Elle peut s’accentuer après l’intervention et la préparation médicale (instillation de collyres avant l’intervention) permet d’en réduire les effets. 

 

Le pic hypertensif postopératoire : Il correspond à une élévation de la pression intraoculaire au-delà de sa valeur normale. Il survient durant les heures qui suivent l’intervention et se produit dans environ 20% des cas. Il est traité médicalement dès qu’il est décelé dans le cadre de la surveillance postopératoire et se résout sans conséquences dans la grande majorité des cas. 

 

Le glaucome est une complication grave qui peut entrainer la cécité si l’hypertonie oculaire n’est pas décelée et contrôlée à temps. Il survient dans les semaines ou les mois qui suivent l’intervention, ce qui justifie un suivi ophtalmologique régulier, mais ne concernent heureusement qu’une très faible proportion des patients (2 à 5% selon les études). Certains d’entre eux présentent des anomalies des structures de drainage de l’humeur aqueuse qui peuvent parfois être décelées lors du bilan préopératoire et faire l’objet de mesures préventives.  

 

Le décollement de rétine correspond au détachement de la neuro-rétine, structure indispensable à la vue. Complication également rare mais grave car responsable de cécité, celle-ci survient durant la période postopératoire à court, moyen ou long terme. Identifiée à temps, elle peut faire l’objet d’un traitement chirurgical pratiqué uniquement dans quelques centres réalisant la chirurgie vitréo-rétinienne. Il existe une prédisposition raciale (Shi-Tzu, Bichon Frisé…) et certaines lésions, préalables à la chirurgie de la cataracte, constituent des facteurs de risque (dégénérescence vitréenne, déchirure rétinienne…) potentiellement identifiés lors du bilan préopératoire. 

 

La luxation ou déplacement du cristallin est la conséquence d’une rupture des fibres zonulaires qui assurent la fixation du cristallin. Lorsque cela se produit, le cristallin doit être retiré avec son enveloppe ce qui empêche d’implanter un cristallin artificiel. Dans certains cas cependant, il est possible d’avoir recours à des implants suturés à la sclère. La luxation du cristallin augmente les risques de glaucome et de décollement de rétine. 

QUE COMPREND UN BILAN PRÉOPÉRATOIRE DE LA CHIRURGIE DE LA CATARACTE ?

 

Le taux de réussite de la chirurgie de la cataracte chez le chien est de l’ordre de 90 à 95% selon les études. Tout patient peut être opéré si tant est qu’il ne présente pas de contre-indications à l’intervention. Celles-ci sont de deux types : 

Les contre-indications relatives à son état général qui rendent périlleuses une anesthésie générale. Un bilan préopératoire adapté à la situation clinique du sujet (bilan biologique, cardiaque…) est donc nécessaire. Par ailleurs, tout foyer infectieux chronique (infection dentaire, otite…) doit être éradiqué avant la chirurgie. 

 

Les contre-indications d’ordre strictement oculaires susceptibles de compromettre la récupération de la vision. La plus importante est l’atrophie de la rétine car elle entraine la cécité du sujet même si on l’opère de sa cataracte. Lorsque le cristallin a perdu sa transparence et que l’on ne peut plus observer directement le fond d’oeil, il est nécessaire de pratiquer un électro-rétinogramme (ERG) afin de déceler un dysfonctionnement des photorécepteurs. La présence d’un décollement de rétine peut également compromettre les résultats de l’intervention et justifie la réalisation d’une échographie oculaire préopératoire qui permet la plupart du temps son identification. Dans certains cas, il est possible d’opérer le décollement de rétine en même temps que la cataracte. Enfin, certains chiens sont prédisposés au glaucome primaire ou présentent lors de l’examen une élévation de la pression intraoculaire. Dans ce cas, il est également recommandé de procéder à une exploration des voies de drainage de l’humeur aqueuse (gonioscopie, ultrabiomicroscopie de la fente ciliaire).

LA NUIT ET LE JOUR ?

 

C’est l’impression que donne un chien opéré de la cataracte. Si la perte de vision du sujet atteint de cataracte s’accompagne le plus souvent d’une nette diminution de ses déplacements, la récupération de la vue qui suit l’intervention chirurgicale lui permet de redevenir autonome et de reprendre confiance. En quelques instants, il est passé de l’obscurité à la lumière ou de la nuit au jour. C'est en tout cas se que révèlent de nombreux témoignages.

POURQUOI TOUS LES CHIENS NE PEUVENT-ILS PAS ÊTRE OPÉRÉS DE LA CATARACTE ?

 
 

La chirurgie de la cataracte permet de restaurer la transparence oculaire en remplaçant un cristallin devenu opaque en présumant que les autres structures oculaires soient intègres. Pour voir, il faut que les rayons lumineux puissent atteindre la rétine sans être arrêtés ou atténués par une perte de transparence des milieux oculaires (cornée, cristallin, vitré) et que la rétine et notamment ses photorécepteurs soient fonctionnels. Il faut également que le système nerveux soit capable de transmettre et d’intégrer le signal fourni par la rétine. C’est ainsi que toute opacité de la cornée, du cristallin (cataracte) ou du vitré mais aussi tout dysfonctionnement du système nerveux reliant l’œil au cerveau peut être responsable de cécité. On comprend ainsi facilement que si une ou plusieurs de ces anomalies sont associées à une cataracte, la chirurgie de la seule cataracte n’est pas suffisante. Il faut également les prendre en charge. Certaines de ces anomalies ne sont malheureusement pas curables et dans ce cas la chirurgie de la cataracte ne permet pas de récupérer de la vision ce qui la rend inutile.  

Posez vos questions à un vétérinaire spécialiste en ophtalmologie

CATARACTE CHEZ LE CHAT ?

 

La cataracte peut également atteindre le chat chez lequel, contrairement au chien, elle est rarement héréditaire mais le plus souvent la conséquence d’une inflammation oculaire (uvéite). Elle se traite chirurgicalement par phacoémulsification et il est également possible de remplacer le cristallin par un implant spécialement conçu pour l’espèce féline.

CATARACTE CHEZ LE LAPIN ?

 

Tout comme chez le chat et le chien, le lapin peut être atteint de cataracte. Les causes sont principalement héréditaires ou infectieuses. Une recherche d’Encephalitozoonose est systématiquement effectuée. Le traitement chirurgical a recours à la phacoémulsification et il est à présent également possible d’implanter dans cette espèce puisque des cristallins artificiels ont été récemment développés pour les lapins.