Menu
 

Dr Thierry Azoulay 

Spécialiste en Ophtalmologie 

LES GLAUCOMES

 
 
 
 

Les glaucomes correspondent à des maladie oculaires atteignant la papille optique et certaines cellules rétiniennes, les cellules ganglionnaires.  Ces structures transmettent au nerf optique les informations recueillies par les photorécepteurs si bien que leur dysfonctionnement aboutit à une baisse de l’acuité visuelle voire à la cécité. Cette maladie, connue chez l’homme, concerne également chiens et chats.

 

COMMENT RECONNAÎTRE UN GLAUCOME ?  

Contrairement à l’homme, chez les carnivores, le glaucome évolue le plus souvent sur un mode aigu. Il se manifeste par une rougeur oculaire, une dilatation de la pupille (mydriase) et parfois une diminution de la transparence cornéenne (œdème de cornée). Sur le plan fonctionnel, les sujets atteints présentent une douleur qui se manifeste (mais pas toujours) par un spasme des paupières (blépharospasme) et une nette baisse de l’acuité visuelle voire une perte totale de la vision du coté atteint. Le vétérinaire confirme la présence d’un glaucome en observant ces signes cliniques et fonctionnels caractéristiques et en identifiant une augmentation de la pression intraoculaire (on parle d’hypertonie oculaire) qu'il mesure à l'aide d'un tonomètre.

Le cocker, une race sujette au glaucome

POURQUOI MON CHIEN EST-IL ATTEINT DE GLAUCOME ? 


 

Toute la partie antérieure de l’œil (segment antérieur) est remplie d’un liquide que l’on appelle humeur aqueuse. Ce liquide participe au tonus oculaire. Il est constamment produit par les procès ciliaires et en même temps évacué par des structures de drainage contenues dans l’angle irido-cornéen. On pourrait ainsi comparer l’œil à un ballon alimenté constamment par plusieurs robinets (procès ciliaires) et drainé parallèlement par un siphon (angle irido-cornéen) situé sur toute sa périphérie. L’hypertonie oculaire observée dans le glaucome est la conséquence d’un défaut de drainage de l’humeur aqueuse. Si l’on se réfère au modèle du ballon, il y a bien production de liquide par les robinets mais le siphon n’assure plus correctement son rôle de vidange et cela a pour conséquence une élévation de la pression dans le ballon. 

On distingue ainsi deux catégories de glaucome. Des glaucomes primaires dus à une anomalie structurelle de l’angle irido-cornéen. Cette anomalie est le plus souvent bilatérale. Certaines races comme le cocker, le bouvier des Flandres, basset Hound, Siberian Husky, Terre Neuve, Shar Pei, Labrador…sont prédisposées. Cette liste n’est pas exhaustive. Des glaucomes secondaires dus à une obstruction acquise de l’angle irido-cornéen. Dans ce cas le glaucome est la conséquence d’une autre maladie oculaire (uvéite, tumeur, cataracte, luxation du cristallin…) qui perturbe l’évacuation de l’humeur aqueuse.

En résumé, il y a donc des glaucomes dus à des causes structurelles liées à l’anatomie du patient ; ils apparaissent au cours de la vie du chien à mesure que les voies de drainage de l’humeur aqueuse ne remplissent plus leur rôle et des glaucomes acquis, secondaires à une autre maladie oculaire qui survient au cours de la vie du sujet. 

QUELLES SONT LES CONSÉQUENCES DU GLAUCOME ?


L’élévation de pression intraoculaire qui accompagne le glaucome provoque des lésions des cellules ganglionnaires, des fibres neuro-rétiniennes et de la papille optique. Ces structures, très sensibles, sont responsables de la transmission des informations visuelles. Lorsqu’elles sont endommagées, la vision est impactée et le sujet peut très rapidement perdre la vue. Les lésions sont d’autant plus graves que l’hypertonie oculaire est élevée. Si celle-ci persiste, les dégâts sont irréversibles. 

De surcroit, l’élévation de la pression dans le globe oculaire peut provoquer une douleur aiguë.

En cela le glaucome aigu constitue une urgence qu’il faut rapidement prendre en charge afin d’épargner la fonction visuelle.

Traitement laser du glaucome

QUELLES SONT LES POSSIBILITÉS THÉRAPEUTIQUES ?


L’axe principal de prise en charge du glaucome des carnivores consiste à lutter contre l’augmentation de la pression intraoculaire. On distingue deux catégories de traitements :

- Le traitement médical qui consiste à utiliser des médicaments locaux (collyres anti-glaucomateux) et des médicaments administrés par voie générale. Ces médicaments ont un effet variable sur la pression intraoculaire et ne permettent pas toujours de la faire diminuer suffisamment pour éviter la cécité et la douleur. Si les collyres sont globalement bien tolérés malgré quelques réactions locales, les médicaments actifs par voie générale présentent des effets secondaires qui les empêchent d’être utilisés au long cours. 

- Le traitement chirurgical qui consiste soit à diminuer la production d’humeur aqueuse en détruisant une partie des procès ciliaires – on parle de cyclo-affaiblissement- soit à améliorer l’évacuation de l’humeur aqueuse en créant une voie d’évacuation– on parle de chirurgie fistulisante. 

Les techniques chirurgicales constituent une alternative de choix lorsque le traitement médical est impuissant à contrôler l’hypertonie oculaire de façon durable. Cependant, elles ne permettent malheureusement pas d’apporter une solution infaillible au glaucome dans tous les cas et peuvent parfois s’accompagner de récidives ou d’échec. Pour en augmenter le taux de réussite, il est crucial que la prise en charge du patient glaucomateux soit la plus précoce possible et notamment avant que ne s’installe une cécité qui risque d’être définitive le plus souvent. En cela, le glaucome aigu constitue une urgence oculaire.  

QUE COMPREND LE BILAN D'UN PATIENT GLAUCOMATEUX ?

 

Lorsqu’un patient glaucomateux est pris en charge, il importe de déterminer l’origine de l’hypertonie oculaire. Cette étape est primordiale pour choisir d’une part le traitement adéquat. S’agit-il d’une cataracte à l’origine du glaucome qu’il faudra dans ce cas opérer ? S’agit-il d’une luxation primaire du cristallin qu’il faudra également opérer ? S’agit-il au contraire d’un glaucome primaire et dans ce cas, il existe un risque important de glaucome de l’autre œil ? Existe-t-il un risque de luxation du cristallin sur l’autre œil ? Voilà une partie des questions auxquelles le bilan du patient glaucomateux doit répondre. Ce bilan passe donc par un examen clinique exhaustif des deux yeux, conduit par un vétérinaire expérimenté. Il comprend par ailleurs un examen des structures de drainage de l’humeur aqueuse (gonioscopie, ultra-biomicroscopie ou UBM) et lorsque cela est utile, de la papille optique (tomographie à cohérance optique ou OCT).